Le livre du mois

Cette page présente les livres sélectionnés pour la rubrique « Le livre du mois » de la newsletter

 

 Le livre du mois de janvier 2017

Couv Desar Enf Num2 questions à Claude Allard, pédopsychiatre diplômé en psychopathologie du bébé, psychanalyste et formateur à propos de son livre « Les désarrois de l'enfant numérique » qu'il présente également sur son Blog : http://www.claude-allard.fr/

 

Vous venez de publier un livre « Les désarrois de l’enfant numérique ». Pouvez-vous nous dire ce qui vous a incité à écrire cet ouvrage et nous exposer, brièvement, son  propos ?

 

Auparavant, j’avais écrit « L’enfant machine » et « L'enfant au siècle des images…». Dans cet ouvrage, j’avais étudié la consommation télévisuelle des enfants. Aujourd’hui dans mon nouveau livre : « Les désarrois de l’enfant numérique » (Editions Hermann, 2016), je me suis appuyé sur mon expérience de clinicien de terrain avec les enfants et les parents que j’ai rencontrés pour aborder non seulement la question de l’utilisation des écrans, mais aussi à la relation avec leur environnement numérique.

 

Comme pédopsychiatre, je suis effectivement en première ligne pour constater les effets des transformations sociales, en particulier sur les enfants. Le numérique comme outil de communication s’est largement développé. Ces nouvelles formes d’échanges conditionnent de nouveaux comportements chez les adultes. Nous avons acquis des compétences de « multibranchés » avec ses bons et ses mauvais côtés. Les enfants sont fascinés par les écrans et ne demandent qu’à y entrer et qu’à « consommer » des images. Pour le petit enfant, le numérique c’est quelque chose de magique, une grande source de plaisir et un passe-temps favori.

 

Lors de mes consultations je me suis rendu compte que la plupart des parents pensent que tous les jeux virtuels ont un effet positif sur leur enfant. Or on sait que certains jeux ont un impact fort non seulement en terme de catharsis, mais surtout d’imitation … Les plus jeunes sont initiés par les aînés à des jeux qui n’ont pas été créés pour leur tranche d’âge1  et du coup leur utilisation peut provoquer de l’anxiété, des insomnies voire des troubles dans la relation avec les autres. Un enfant de 7 ans n’est pas capable de différencier le réel du virtuel.
J’ai aussi consacré deux chapitres du livre à l’addiction aux jeux vidéo. Il faut rappeler que dans une enquête2  menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), il ressort que 14 % des adolescents utilisant les supports numériques seraient en situation d’usage problématique de jeu.

 

Ce que j’ai pu constater, c’est que sur les 10 dernières années de consultation, le numérique qui peut favoriser la socialisation, les échanges comporte aussi des dangers : des risques de relations malsaines, de détournement des compétences relationnelles (comme du harcèlement, des propositions honteuses...). De la même façon, rester en contact pour des enfants de parents divorcés avec une famille élargie s’avère très positif mais pour des enfants placés qui « subissent » via un téléphone portable une relation « perturbatrice » avec leurs parents géniteurs c’est très compliqué à vivre.

 

Tout cela illustre bien les difficultés pour gérer notre vie avec le numérique car il est aussi un moyen considérable d’agir sur l’autre. En effet, il existe de nombreux outils qui permettent d’être en connexion avec l’autre (voire soi-même) comme par exemple, le baby-phone qui permet de rester connecté à son bébé. La société veut nous créer des besoins et prend tous les moyens pour nous les rendre indispensables. On trouve par exemple, des applications pour « apprendre » ce que c’est qu’être un bon parent (éduquer, soigner, surveiller). Je mets en garde contre cela. Il y a quelque chose d’essentiel dans un rapport spontané avec son enfant. Si tout est médiatisé par écran interposé, le non humain prend la place de l’humain.

 

Qu’auriez-vous envie de dire aux parents et aux professionnels de l’enfance à propos des dangers potentiels ou des bénéfices d’une «  virtualisation » du monde ?

 

Nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur les utilisations du numérique. Je veux prévenir les parents que chez des enfants jeunes, les capacités d’attention sont fluctuantes. Leur attention est captivée par les images, ils sont fascinés par ces tablettes, ces smartphones et ne demandent qu’à jouer avec. Mais les plus fragiles d’entre eux vont développer des troubles attentionnels, des troubles de la relation…Il est donc nécessaire d’en codifier leur usage.

 

Je veux aussi alerter les parents sur la « virtualisation » des liens sociaux. Les jeunes disent avoir des centaines d’amis mais quand on leur pose la question « As-tu un ami que tu voies souvent et avec qui tu discutes », certains répondent ne pas en avoir. Je dis souvent aux parents : demandez-lui à quoi il joue et avec qui ? Et si nécessaire, accompagnez le comme dans la vraie vie. Poser des interdits ne suffit pas car ils sont facilement détournés.

 

Je préconise déjà une utilisation raisonnée et raisonnable de ces outils qui ne doivent pas prendre le pouvoir sur nous. Cela passe par une éducation des parents et des enfants. Il faut aussi aider les enfants à analyser des contenus en libre accès sur le Web et leur apprendre  ce que l’on peut y faire ou pas.

 

 1 Les éditeurs de jeux vidéo ont créé le système « Pan European Game Information (PEGI) » pour cinq catégories d'âge et huit descriptions qui informent du contenu d'un jeu.

 2 (Programme d’étude sur les liens et l’impact des écrans sur l’adolescent scolarisé) menée en région parisienne auprès  de plus de 2 000 élèves.

 

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Le livre du mois d'avril 2016

Couv Anorex Boul red  3 questions à S. Criquillion et C. Doyen à propos du livre qu'elles ont coordonné : « Anorexie, boulimie : nouveaux concepts, nouvelles approches »

 

Pourquoi vous avez voulu avec Catherine Doyen apporter votre contribution sur cette question ?

 

Nous souhaitons souligner la pluridisciplinarité et les compétences pluriprofessionnelles de l'Hôpital Ste Anne dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire, et notamment dans la mise en place de techniques innovantes de l'enfance à l'âge adulte.

 

Qu'est-ce qui a motivé la construction des 7 parties du livre ?

 

Chaque chapitre éclaire une dimension spécifique des TCA: de la sémiologie à la recherche, en passant par les soins paramédicaux et les nouvelles approches psychothérapeutiques et nutritionnelles, tout en soulignant l'importance de l'accompagnement des familles et des usagers soutenu par les réseaux.

 

Avez-vous eu des retours de lecteurs ? Quelles réflexions vous ont-ils faites ?

 

Les commentaires de nos lecteurs apprécient l'originalité de la présentation, le caractère innovant des approches, les perspectives de recherche et l'implication des familles dans le traitement.

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