Le jeu est une activité humaine essentielle. Le jeu est universel, il apporte plaisir et récompense. La grande majorité des joueurs a une pratique « sociale » ou « récréative ». Pour quelques personnes, le jeu sera excessif ou pathologique. Quand peut-on dire d’un joueur qu’il est un joueur à risque, excessif ou pathologique ? Quelles sont les conséquences du jeu pathologique ? Quels soins peuvent être proposés à un joueur pathlogique ?
Se classe dans la catégorie « Jeux de hasard et d’argent » :
Le joueur pathologique passe par des phases qui se succèdent sur une période de 10 à 15 ans avec des moments où il ne jouera plus et des périodes de « craving » (envie irrépressible) , de rechute.
Le joueur pourra avoir d’autres troubles (une autre addiction, des troubles de l’humeur, des troubles anxieux).
Le jeu à risque modéré concerne 3,9 % des joueurs et le jeu excessif, 0,9 %1 .
Parmi les joueurs qui jouent en ligne, 9,4 % sont des joueurs à risque modéré et 13 % des joueurs excessifs, en grande difficulté. La proportion de joueurs à risque modéré est restée stable en cinq ans (10,4 % en 2012). La part des joueurs excessifs a significativement progressé (6,6 % en 2012) .
La dernière enquête « Les pratiques de jeux d’argent sur Internet en France en 2017 »2 fait le bilan de huit années de mise en place d'une offre légale de jeux d’argent sur Internet.
La personne va parfois devenir irritable, elle pourra avoir des troubles du sommeil, elle va avoir tendance à s’isoler, à abandonner des activités de loisirs car elle va passer de plus en plus de temps dans des lieux de jeu ou sur Internet… Cela pourra occasionner de l’anxiété, de la dépression, des idées suicidaires.
Le jeu pathologique et les drogues impliquent les mêmes voies neurobiologiques qui modulent la récompense, le comportement impulsif et compulsif, et l'humeur.
Le jeu excessif va avoir des conséquences négatives dans différents aspects de la vie quotidienne : financier avec des dettes, familial, il va occasioner des conflits voire une séparation avec le conjoint. Les enfants auront tendance aussi à s’éloigner de la personne pour laquelle le jeu est devenu trop excessif. Sur le plan professionnel, elle va rencontrer des difficultés pour se concentrer. Son travail ne sera plus satisfaisant et elle pourra se faire licencier.
Parce que cette maladie du jeu vous fait éprouver de grandes souffrances et que vous ne savez plus quoi faire ? Parce que votre entourage est « à bout » et que vous vous rendez compte que cela ne peut plus durer.
Mais vous n’êtes peut-être pas prêt à débuter une prise en charge avec un médecin spécialisé. Il vous est possible tout d’abord d’essayer de soulager votre mal-être par une meilleure compréhension de ce qu’il vous arrive. Vous allez, dans ce cas, pouvoir essayer de changer en travaillant sur votre comportement avec par exemple un livre d’auto-support (self-help-book) comme : « Surmonter un problème avec les jeux de hasard et d’argent ».
La première démarche sera d’en parler à votre médecin traitant, pour faire le point. Selon la situation, le médecin pourra vous adresser à un service d’addictologie de centre hospitalier ou à un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).
Dans un premier temps, le degré d’adddiction va être évalué. Le joueur devra passer un test. Par la suite, un suivi adapté – en fonction de l’âge, des habitudes, de la personnalité pourra se mettre en place.
Les prises en charge s’appuient sur la psychothérapie. Il en existe de plusieurs types. Vous pouvez débuter par des entretiens motivationnels. Ces entretiens permettent au patient de se fixer des objectifs et de commencer à penser à un changement dans son comportement.
Par la suite, une thérapie comportementale et cognitive (TCC) pourra être proposée dans le but de, changer le comportement problématique en mettant en place un nouveau comportement non problématique.
Si vous cherchez à comprendre pourquoi vous vous êtes engagé dans une façon aussi excessive dans le jeu il peut être intéressant de vous engager dans une psychothérapie d’inspiration analytique.
Si le jeu – à causes de conséquences financières désastreuses – a provoqué des dommages psychiatriques comme une dépression, une anxiété secondaire, le médecin pourra être amené à prescrire un traitement psychotrope. Les prises en charge sont le plus souvent ambulatoires. Parfois, l’état du patient va nécessiter une hospitalisation.
Un annuaire des structures accueillant les joueurs en difficultés ou leur entourage est disponible sur le site de l’IFAC.
La participation à un groupe de thérapie de groupe peut être très aidante. La confrontation à d’autres joueurs en difficulté est riche et soutenante. Pour la première fois, le joueur peut exposer en toute liberté ce qu’il pense, ressent, a vécu et envisage…
L'Association « Gamblers Anonymous » de Paris propose une réunion régulière.
» En savoir plus
Il peut être indispensable de compléter la prise en charge médicale avec une prise en charge sociale. Le joueur peut avoir perdu des sommes très importantes en jouant.
Notre site : http://www.aide-info-jeu.fr, dans une page « Faire face à vos difficultés financières » vous donne quelques conseils.
Vous y trouverez aussi : la procédure d'auto exclusion des jeux
Plus le patient s’éloigne de sa dernière séquence de jeu, plus le risque de rechute diminue. L’abstinence ne sera pas l’objectif recherché par tous les joueurs pathologiques. Certains souhaitent retrouver du contrôle et y parviennent.
Les parents et l’entourage des plus jeunes doivent éviter l’initiation précoce aux jeux de hasard et d’argent. Plus celle-ci se fait tôt plus le risque de devenir un joueur problématique existe. Les mineurs ne doivent pas jouer.
L’adolescent aura tendance à penser qu’il peut « être élu » par la chance. L’envie de la confrontation, de la compétition, l’adrénaline que cela procure va être tellement tentante pour les jeunes qu’ils pourront « tomber » dans le jeu.
Les professionnels demandent que l’Etat renforce les actions en matière de « jeu responsable.
« Le jeu d’argent et de hasard est un passe-temps innocent pour une large majorité, mais il devient une véritable drogue pour ceux qui tombent dans une pratique addictive. »
… dans la brochure éditée par l’Institut fédératif des addictions comportementales : « Du plaisir à l’excès : la question du jeu excessif ».
Cette plaquette permet au joueur ou à son entourage de s'informer sur le jeu excessif. A côté des pratiques de jeu "sociale" et "récréative", il existe des comportements plus problématiques voire excessifs. Toutes les informations sur cette pratique problématique sont disponibles avec un questionnaire pour déterminer ses problèmes de jeu, des lieux ressources de prise en charge et d'information...
» Pour la télécharger, cliquez ici
Les jeux Hasard, argent, vidéos et illusions. Paris: ANPAA, 2018.
Grall-Bronnec M, Luquiens A, Vénisse JL. Troubles liés à la pratique des jeux de hasard et d'argent. Dans: Reynaud M, Karila L, Aubin HJ, Benyamina A. Traité d'addictologe. 2e ed. Paris: Lavoisier; 2016. p. 796-804.
Barrault S, Varescon I. L’addiction aux jeux de hasard et d’argent en ligne : quelles spécificités ? Terminal. Technologies de l’information, culture & société. 2016;119.
Romo L, Gorsane MA. Surmonter un problème avec les jeux de hasard et d'argent. Paris: Dunod; 2014
Karila L, Benhaiem A. Accro. Paris: Flammarion; 2013
L’actualité sur l’addiction aux jeux de hasard et d’argent dans l’espace documentaire de l’IFAC
Le site Aide Info Jeu Aide Info Jeu : site d'information et d'assistance en ligne
1 Costes JM, Eroukmanoff V, Richard JB, Tovar ML. Les jeux d'argent et de hasard en France. Paris: Les notes de l’Observatoire des jeux. 2015;6.
2 Costes JM, Eroukmanoff V. Les pratiques de jeux d’argent sur Internet en France en 2017. Paris: Les notes de l’Observatoire des jeux. 2018;9.
04/12/2018